"Il faut cultiver notre jardin"

mardi 13 août 2013

Homer et Langley de E.L.Doctorow

Cette histoire s'inspire de la vie de deux frères qui défrayèrent la chronique aux Etats-Unis dans les années 1930. Reclus dans leur maison de la Cinquième Avenue, à New York, tous volets fermés, Homer et Langley Collyer furent retrouvés morts en 1947 sous des tonnes de journaux, après des décennies de syllogomanie, cette maladie qui consiste à entasser les objets chez soi, au point de ne plus pouvoir circuler dans aucune pièce.
C'est après la mort de leurs parents et au retour du front du frère aîné que les deux frères, en 1918, vont peu à peu couper les liens avec le monde extérieur. Ils n'en demeurent pas moins des témoins attentifs et critiques de leur époque. Ces deux frères exotiques vivent selon leurs passions : l'aîné désire créer un journal atemporel, le second - Homer-  devenu aveugle, cultive sa passion du piano et des femmes. C'est surtout Langley, rebelle et totalement farfelu, qui avec ses lubies, les entraîne dans une existence de plus en plus excentrique. Une ford T s'installe dans le salon, de nombreux pianos l'y rejoignent, des piles de journaux s'entassent, ainsi que de nombreux objets, générant des difficultés de plus en grandes pour les déplacements du cadet.
E. L. Doctorow a, en outre, "décalé ce fait divers dans le temps, y intégrant la guerre du Vietnam, les mouvements antiracistes, jusqu'au meurtre des religieuses américaines au Salvador, en 1980. Une manière, pour cet écrivain encore trop méconnu, de dénoncer la nécrose et le repli sur soi d'un pays qu'il regarde avancer à reculons, sans tirer les leçons du passé. « Nous coulions, mon frère et moi. Chacun de nos actes d'opposition et d'affirmation de notre autonomie, chaque manifestation de notre créativité et de l'expression résolue de nos principes œuvraient au profit de notre ruine », confesse Homer à la fin du livre."
Un livre étonnant et un peu irrégulier dont certains passages auraient mérité d'être condensés. 

jeudi 8 août 2013

Patients de Grand Corps Malade

C'est sans pathos et avec une bonne dose d'auto-dérision que Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, revient sur l'accident qui a failli le rendre tétraplégique. Il voulait devenir professeur de sport mais la vie en a décidé autrement. Et il témoigne de son expérience dans le milieu médical, décrivant sans fard les différentes étapes et embûches sur le chemin de la rééducation. Comparé à une prison, le centre devient néanmoins le lieu de belles rencontres mais aussi d'une prise de conscience des limites humaines, de la fragilité et de la nécessaire solidarité pour venir à bout des souffrances.
Un témoignage intéressant et sans mièvrerie.

samedi 3 août 2013

La vérité sur l'Affaire Harry Québert

Depuis le temps qu'il patiente sur mes étagères (depuis le Goncourt des lycéens), il fallait que je plonge dedans ! Et c'est chose fait : j'ai attendu quelques jours très chauds au bord de la piscine...
Marcus Goldman est un jeune écrivain qui a remporté un franc succès avec son premier roman. Seulement, voilà, il peine à trouver l'inspiration pour le second. Harcelé par son éditeur qui ne cesse de lui rappeler les termes du contrat qui les lie, il se réfugie chez Harry Québert, son ancien professeur et son mentor. Les jours s'écoulent paisiblement à Aurora, petite bourgade paisible du New Hampshire jusqu'à ce que le passé ressurgisse violemment. Et voilà Harry Québert, célèbre écrivain et professeur d'université respecté qui se voit accusé du meurtre de Nola Kellergan commis en 1975. Convaincu de l'innocence de l'homme à qui il doit tout, Marcus décide de revenir à Aurora pour faire éclater la vérité. Débute alors une enquête aux nombreux rebondissements. La première chose qu'il découvre, c'est que Harry a aimé passionément cette jeune fille. 
Qui a tué Nola Kellergan ? Que s'est-il passé dans le New Hampshire à l'été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
Le style est clair mais sans grand intérêt, l'intrigue peut sembler banale mais c'est surtout la construction du roman qui nous happe et nous entraîne inexorablement vers la fin du livre.  On suit donc l'enquête de Marcus mais on retourne également régulièrement dans le passé avec de nombreuses analepses et les chapitres sont rythmés par les conseils prodigués à Marcus par son maître. Ces alternances entre le passé et le présent sont plutôt efficaces pour relancer l'intérêt. Un livre qui se lit très bien, d'une traite mais qui n'est cependant pas un chef d'oeuvre littéraire. 
Souhaitons que Joël Dicker lorsqu'il écrit "Un bon livre, Marcus, est un livre qu'on regrette d'avoir terminé." conserve cet adage à l'esprit pour peaufiner ses prochains ouvrages.