"Il faut cultiver notre jardin"

lundi 15 août 2016

Hubert Haddad le peintre d'éventail


Un roman contemplatif et une immersion dans un jardin magnifique animée par l'âme et le savoir-faire d'un jardinier peintre d'éventails. Fin fond de la contrée d'Atôra (NE île de Honshu). Matabei s'y réfugie dans une pension tenue par Dame Hison, ancienne prostituée qui accueille toutes les âmes un peu perdues. Clientèle singulière (Monsieur Ho, la belle et mystérieuse Enjo, Anna et Ken les deux amants fugitifs). Dans cet endroit hors du temps et tourné vers un jardin fabuleux, ponctué par de petites rivières, des bassins et des terrasses, Matabei peu à peu se dépouille au sens propre et au sens figuré. Il s'oublie et oublie son ancienne vie, découvre le sens profond du jardin crée et entretenu par le vieux Osaki, s'initie au savoir-faire de ce maître d'éventails et peu à peu retrouve un certain calme. Devenu maître à son tour, il initie Hi-han Xu jeune garçon peu cultivé, un peu gauche qui apprend à manier les casseroles aux fourneaux de la pension. Lecture, écriture, peinture... voilà une partie de ce que Matabei transmet à Hi-han. Mais le jardin n'est pas toujours aussi zen que l'on pourrait le croire : il abrite des liaisons, des passions déchirantes, des brûlures, des fêlures, des trahisons .... jusqu'au jour où la terre tremble et engloutit avec elle les habitants, les arbres, le jardin et la région. Cataclysme humain et naturel puisque après avoir perdu son disciple (Matabei a succombé aux charmes de la jeune Enjo que convoite Hi-han), Matabei perd ses repères, ses compagnons. Il survit, seul et rongé par la plaie d'un amour évaporé (par la catastrophe?) et va finir de s'effacer derrière les morts et les âmes de ceux qu'il a cotoyés. Il leur rend hommage, accomplit les cultes mortuaires et peut, à la toute fin, une fois réconcilié avec Hi-han – qu'il a un jour trahi- laisser son âme s'envoler en paix. « La vie est un chemin de rosée dont la mémoire se perd, comme un rêve de jardin. Mais le jardin renaîtra, un matin de printemps, c'est bien la seule chose qui importe. Il s'épanouira dans une palpitation insensée d'éventails. »

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