"Il faut cultiver notre jardin"

lundi 30 octobre 2017

L'enfant qui

Le dernier opus de Jeanne Bénameur est d'une poésie absolue. Phrases ciselées, mots suspendus et qui s’enchaînent comme des perles d'un collier précieux, on les savoure ligne après ligne. Quitte à les relire pour s'assurer que l'on a goûté à la quintessence du langage.
L'auteur nous raconte l'histoire de trois personnes qui, séparément, tentent de reconstruire un semblant de vie autour d'une femme disparue. 
Il y a d'abord l'enfant qui se réfugie dans la nature pour apprivoiser le départ de sa mère : véritable refuge, la forêt le ramène à celle qui est partie, par les bruits, les odeurs, les images et son mystère. Toujours flanqué d'un chien invisible, compagnon d'infortune qui le rassure, l'enfant apprend à maîtriser l'absence, découvre son environnement et se réfugie dans son monde intérieur, peuplé par le langage de sa mère. Temps suspendu, monde imaginaire toujours plus acceptable que le monde ordinaire, rugueux et âpre.
Deux autres personnages entrent dans la danse : le père, menuisier de son état, qui a bien du mal, lui aussi, à comprendre le départ de sa belle. Douleur qui s'exprime parfois violemment, cris, désespoir qu'il noie dans l'alcool. C'est au bord de la rivière que cet homme va essayer de se délivrer du souvenir, de l'emprise que l'absente a encore sur son corps. Grand moment de dénuement et de prise de conscience. 
Quant à la grand-mère, elle oeuvre pour nourrir ce petit monde et, discrète, assume sa tâche nourricière. Dans sa tournée des fermes voisines, elle remet ses pas dans des chemins fréquentés il y a longtemps et, au présent se juxtapose (voire s'impose) le passé. Reflux de souvenirs, bribes d'événements tus, honteux et dissimulés, elle se fait envahir par ce qu'elle pensait oublié. Cruelle remontée à la surface. 
Ces trois histoire imbriquées et qui se font écho tentent de dessiner la silhouette de cette femme clé et mystérieuse, de mettre des mots sur un départ, de comprendre le geste.... et, dans les dernières pages, l'on comprend que la poésie permet à l'auteur d'interroger son histoire mais aussi la nôtre. La vie n'est-elle pas, en effet, qu'une succession d'abandons, de fuites, de prises de conscience ?

dimanche 29 octobre 2017

La femme qui fuit

Dans cet ouvrage, Anaïs Barbeau-Lavallette explore le territoire inconnu qu'est sa grand-mère. 
En effet, celle-ci a abandonné ses enfants, Mousse et François, en bas âge et n'a jamais rien fait pour renouer les liens avec eux (sauf contrainte par une visite quasi inopinée). Mais pourquoi ? mais comment peut-on faire une chose pareille ? Par peur de la misère ? parce qu'elle n'y arrivait plus ? parce que ce n'était pas la vie qu'elle voulait ?  parce qu'elle ne voulait se faire enfermer dans aucun carcan ?
C'est pour comprendre tout cela, pour comprendre et panser/penser le désarroi de sa mère que l'auteur se met sur la piste de "celle qui fuit", de "celle qui a toujours fui". Détective privé, archives familiales, photos, témoignages.... tels furent les matériaux qui ont nourri son écriture. Et cela donne un beau portrait de cette femme méconnue pour sa famille et méconnue de nous français, puisque Suzanne Méloche est une jeune Québécoise qui croque à pleines dents la vie des années 40 jusqu'au début du XXIè siècle. Brillante, elle remporte un concours oratoire sur Claude Gauvreau qui deviendra un ami et un guide. Elle va, dès lors, cultiver son amour des mots et écrire de la poésie, participer à des conversations pour refaire le monde, fréquente des artistes (peintres, poètes, ateurs, comédiens....), participe à des soirées enfumées où l'on jongle avec les mots et les idées. Elle va même rejoindre les artistes du Refus Global qui ne pouvaient accepter une société vivant dans le passé. Ecriture automatique, surréalisme, nouvelles formes d'expression... elle embrasse tout, elle essaye tout.
Vient le mariage avec Barbeau, de beaux moments et un amour fou. Puis les enfants, une situation plus précaire, et le difficile équilibre entre des vies d'artistes et une vie de parents...
Il n'y a, chez l'auteur, aucun apitoiement, elle nous conte la vérité crue, la vie brute d'une femme qui, devenue mère, na pas pu se résoudre à le rester. Cette femme qu'elle n'a pas connue, elle l'a rencontrée, pour essayer de la comprendre et l'on peut imaginer que, sans qu'il ne soit jamais question de pardon, coucher la vie de cette absente sur le papier lui a, au moins, permis d'essayer de la comprendre.
Un très beau livre porté par une écriture assez nerveuse et efficace.


mercredi 11 octobre 2017

Diptyque de Jon Kalm Stefannsson

D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds et A la mesure de l'univers composent les deux volets du nouveau diptyque de Stefannsson. On y suit les tribulations géographiques et intérieures d'Ari qui rentre en Islande après reçu la lettre de son père lui annonçant sa mort prochaine. 
Les souvenirs affleurent, comme les airs de musique pop et de variété qu'écoutait Ari avec ses amis. Et comme si ce qui est enfoui sous la couche de neige émerge au fur et à mesure que le soleil darde ses rayons, les souvenirs d'Ari remontent à la surface. C'est ainsi que reprennent vie, sous nos yeux, ses parents, ses aïeux mais aussi tous ceux qu'il a côtoyé dans sa jeunesse à Keflavik.
Les fjords s'animent, les bateaux de pêche reprennent la mer, les usines de

poissons reprennent du service, les secrets des amants magnifiques, Margret et Oddur, se révèlent, et le passé rejoint parfois le présent.
L'auteur mêle les époques, tisse entre elles des liens et nous fait peu à peu comprendre d'où vient Ari, quelles sont les questions qu'il se pose.
D'une écriture poétique et lyrique,  l'auteur peint à merveille ces paysages et ces vies qui s'écoulent dans cette contrée sauvage et reculée, pas toujours tendre avec les hommes. C'est parfois âpre, parfois joyeux, parfois planant, parfois lent mais la magie opère.
Une fois de plus, on est un peu hors du monde, hors du temps.

mardi 3 octobre 2017

Point Cardinal

C'est tant l'énigme du titre que la sobriété de la couverture et, bien sûr, le nom de l'auteur - Léonor de Recondo - qui m'ont attirée vers ce roman de la rentre littéraire. 
Sur un parking, tard le soir, dans une voiture, Mathilda se démaquille consciencieusement en fredonnant un air de Melody Gardot et enlève toute trace de la soirée qu'elle vient de passer au Zanzibar avec ses amies. Démaquillage puis déshabillage, et, sous la robe de soie et la lingerie fine, c'est peu à peu Laurent qui réapparaît. Car oui, Laurent, au lieu de fréquenter la salle de sport, passe une fois par semaine la soirée avec Cynthia et les autres, se sent bien parmi ses soeurs d'aventure. Puis, sagement il rentre chez lui et retrouve sa chère épouse, Solange, et leurs deux ados. Vient un moment où le mensonge finit par l'étouffer : Laurent décide alors de ne plus se censurer et de révéler la vérité, sa vérité, la plus profonde, la plus intime, celle qu'il ne veut plus dissimuler. 
S'il a fondu et perdu du poids, si sa silhouette s'est affinée ce n'est pas par coquetterie virile, c'est pour faire apparaître physiquement la femme qu'il est au plus profond de lui. Son entraînement intense en vélo lui permet d'affiner tout son corps, de galber ses jambes et ses cuisses, d'allonger ses muscles.
Et l'annonce fait l'effet d'une bombe ! elle bouleverse l'équilibre familial, l'édifice conjugal, la situation sociale. Au début, il a essayé d'évacuer cette envie de transformation comme si c'était une névrose, un coup de folie, voire une maladie. Sa rencontre avec un psy borné lui permet, en fait, de mieux comprendre encore ce qu'il veut. Et Laurent ne faiblit pas : il s'affirme et franchit vaillamment toutes les étapes même si elles l'éloignent de ceux qui l'aiment/qu'il aime. 
Léonor de Recondo nous raconte avec finesse et pudeur, mais aussi avec sensibilité et sensualité cette aventure qui est plus que corporelle : véritable odyssée personnelle et familiale, l'histoire de Laurent/Lauren interroge notre rapport au genre, mais aussi les questions de l'identité, de l'intimité. On se sent parfois bousculé, interrogé dans ses valeurs et convictions, on prend conscience de ce que l'on pense être capable d'accepter.
Un roman à lire !

mercredi 27 septembre 2017

Chanson douce

Après avoir longtemps évité ce roman - sujet trash, pas envie de me coltiner un thème pareil - je décide finalement de le lire. Pourquoi ? Leïla Slimani, invitée sur le plateau de 28' pour parler de son dernier opus sur la situation des femmes au Maroc, m'apparaît comme une femme brillante, précise dans ses propos et intelligente. Passage à la bibliothèque, le livre est là, je l'emprunte. 
Et je plonge dans cette sordide histoire d'infanticide. Le début nous happe et ne nous laisse ni le temps de respirer ni le temps d'espérer. Louise est un monstre : elle a tué les enfants de Myriam et Paul, ces enfants qu'elle adorait et dont elle s'occupait à la perfection ! Mais pourquoi ? Retour en arrière et récit de ce qui aurait pu être un conte de fée moderne dans lequel Louise aurait renouvelée le rôle de Mary Poppins s'il n' y avait pas eu en elle des failles, si cette dépendance mutuelle qui s'installe entre le couple et la nounou n'avait pas été si forte.
Page après page, on voit Louise s'installer - s'immiscer ?- dans la vie de Myriam et Paul. Non seulement, elle s'occupe des enfants mais aussi de l'appartement, du linge, des repas ..... une véritable fée du logis , une perle ! "Jusqu'ici tout va bien", se surprend-on à penser en tournant les pages, en retenant parfois notre respiration. Mais c'est sans compter sur les petits signes qui se manifestent et qui rendent cette Louise intrigante, inquiétante. L'auteur distille adroitement tous les indices d'un trouble, d'un manque, d'un vide abyssal chez Louise. Impassible, imperméable aux remarques, violente parfois, exclusive ..... la toile se tisse et les mots peu à peu cristallisent jusqu'à la crise, jusqu'au geste ultime, horrible, atroce, geste d'une désespérée qui voudrait rester indispensable. 
D'une écriture quasi clinique, chirurgicale et efficace, Leïla Slimani ausculte le cas Louise, le dissèque pour essayer de nous permettre de comprendre la psychologie d'une infanticide. Elle brosse aussi le portrait d'une société moderne dans laquelle les mères ont souvent du mal à trouver un équilibre entre la famille et leur vie professionnelle.
Un ouvrage magistral et captivant !

jeudi 14 septembre 2017

De bonnes BD

La différence invisible est une superbe invitation au respect de l'autre et à l'acceptation de la différence. 
Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Elle aime les chats, le chocolat mais préfère le calme aux soirées bruyantes. Elle mène donc une vie normale. Pourtant, elle est différente.
Marguerite se sent décalée et lutte chaque jour pour préserver les apparences. Ses gestes sont immuables, proches de la manie. Son environnement doit être un cocon. Elle se sent agressée par le bruit et les bavardages incessants de ses collègues. Lassée de cet état, elle va partir à la rencontre d’elle-même et découvrir qu’elle est autiste Asperger. Sa vie va s’en trouver profondément modifiée.
Julie Dachez se raconte sans fard et avec émotion. Elle évoque les difficultés à partir en week-end, à partager son lit, à trouver des vêtements tout doux, à réagir "comme il faut", ses rendez-vous médicaux et la lumière qui, peu à peu, se fait sur ce petit truc en plus qui la caractérise. 
Mademoiselle Caroline a su, avec finesse et légèreté, mettre en dessins ce parcours pesant et difficile.
A recommander chaudement !


Bleu pétrole de Gwenola Morizur et Fanny Montgermont est une bd subtile, touchante et émouvante. Récit d'une des plus fameuses marées noires sur les côtes bretonnes, cette bd est aussi un vibrant hommage au grand-père de la scénariste (Gwenola) subtilement mis en lignes et en couleurs par la dessinatrice. 
Retour sur la côte de Portsall, chère à mon coeur, indignation contre les compagnies pétrolières et admiration pour cet Alphonse Arzel devenu, malgré lui, un chevalier écolo avant l'heure. Une lecture touchante ! 


N'oublions pas le très beau Une soeur de Bastien Vivès ou quand les vacances d'été se transforment en un éveil des sens, et un affranchissement de certaines règles. Antoine, 13 ans, est en vacances en famille dans une maison en bord de mer. Il dessine, chasse le crabe avec son petit frère ,Titi, savoure un été sans histoire, jusqu'à ce que débarque Hélène, 16 ans, qui vient passer quelques jours avec sa mère.. Les deux ados vont s'apprivoiser, se trouver et savourer chaque instant de leur semaine partagée. Certes, l'éveil amoureux est au centre de l'album mais l'auteur peint aussi avec douceur et sensibilité le paysage adolescent : réseaux sociaux, sorties nocturnes et virées avec les copains, les premiers interdits (alcool, drogue). C'est beau et très sensible. @ lire ! 

dimanche 10 septembre 2017

Un livre à mettre entre toutes les mains

Si j'étais ministre de la culture de Carole Fréchette et Thierry Dedieu est un magnifique plaidoyer pour la culture. Album pour enfants de 7 à 77 ans ! 
Ou comment une ministre de la culture trouve des arguments imparables pour convaincre ses collègues qu'il est impensable d'effectuer des coupes sombres dans son budget.
C'est vrai pouvons-nous imaginer une journée sans musiques, sans livres, sans tableaux, sans spectacles, sans oeuvres d'art dans la rue etc.....
Ou comment, très simplement, les auteurs nous rappellent que la culture c'est la vie ! 
La mnistre de la culture c'est la « ministre de l’équilibre des âmes, du battement des coeurs, de la respiration, ministre de l’oxygène »

mercredi 6 septembre 2017

Les bottes suédoises

Après les chaussures italiennes, passons aux bottes suédoises. 
C'est certain, le protagoniste principal va avoir besoin de bottes. En effet, lorsqu'on retrouve Fredrik Welin, le chirurgien orthopédiste des Chaussures italiennes, il se réveille, jaillit de son lit et sort in extremis de sa maison dévorée par les flammes. Tous les voisins arrivent pour essayer de lutter contre l'incendie mais c'est peine perdue. La maison de famille est carbonisée et il ne reste rien de la vie de Fredrik. 
Il décide de s'installer dans la caravane de sa fille Louise en attendant d'y voir plus clair et de pouvoir faire reconstruire sa maison. Une enquête criminelle démarre : il s'agit de déterminer les causes de l'incendie et, très vite, Fredrik se sent visé alors qu'il n'est en rien responsable ! Il essaye malgré tout de réorganiser sa vie, ce qui nous permet de faire connaissance avec son environnement, ses voisins, Jansson le facteur, Lisa la journaliste, les gens du village...... Tout ce petit monde évolue sur des ilôts disséminés dans la baltique, dans un climat rude et des paysages saisissants.
Si Fredrik n'est pas toujours très facile à suivre dans ses réactions, il n'en demeure pas moins attachant, surtout dans les doutes et les inquiétudes qui sourdent face à la mort et au temps qui passe, face à son rôle de père (qu'il a bien du mal à improviser face à une Louise qu'il n'a découvert que tardivement et qui a un fort caractère). Un beau roman qui nous embarque dans une ambiance nordique, pas morbide, et qui questionne les relations père-fille, le vieillissement, les sentiments et l'écoute de l'autre. 
Quand on sait que c'est le dernier roman de l'auteur, décédé en octobre 2015, on ne peut s'empêcher de relier le climat parfois crépusculaire aux réflexions de l'auteur et l'ultime phrase "Mais l'obscurité ne me faisait plus peur"résonne un peu comme un testament.

jeudi 31 août 2017

Le tour du monde du roi Zibeline

Partir en voyage et emporter un roman d'aventures : la belle idée !
C'est avec un grand plaisir que je me suis plongée dans le roman de J.C. Rufin. Avec délice, que je me suis retrouvée au XVIIIè siècle, entamant un périple me conduisant de la Hongrie aux Etats Unis en passant par la Sibérie, la Chine, le Japon, Madagascar et la France ! 
A partir de la biographie d'Auguste Benjowski, voyageur célèbre du 18ème siècle, l'auteur bâtit un roman d'aventures dans la plus belle tradition des récits de voyage à la manière des contes des Mille et une nuits. 
Le vieux Benjamin Franklin, sans cesse sollicité par des visiteurs désireux d'exploiter son influence, se retrouve un jour confronté à un couple qui l'intrigue et qui ne ressemble en rien aux habituels solliciteurs qu'il reçoit. Ont, en effet, pénétré dans sa demeure de Philadelphie, Auguste et sa femme Aphanasie. Auréolé de sa contribution à la rédaction de la constitution des jeunes Etats-Unis, Franklin abandonne tambour battant toute autre occupation pour se laisser conter le périple de ce couple dont le parcours est pour le moins extraordinaire. Commence alors un récit à voix alternées où homme et femme, mari et épouse prennent tout à tour la parole pour raconter les événements de leur point de vue. Véritable odyssée du XVIIIè.
Lecture jubilatoire pour le lecteur qui tremble pour les protagonistes (qui, dans leur périple, affrontent les éléments déchaînés mais aussi les êtres humains et leurs appétits), qui se délecte de l'enseignement dispensé à Auguste par un admirateur de Voltaire et des philosophes, qui apprécie la leçon de relativisme liée à l'implantation d'une colonie à Madagascar (de beaux échos à Diderot) et des réflexions sur la soif de conquête.
Un bon roman historique, de facture classique pour l'écriture qui aborde les thèmes de l'immigration,  de la soif de conquêtes, du rapport entre individus, peuples et cultures .
A lire !  

mercredi 30 août 2017

Jardins d'art

Un petit tour à Ar Milin à Chateaubourg histoire de procrastiner jusqu'au bout et de mettre à distance la rentrée.








Une édition beaucoup plus restreinte, avec de jolies surprises.

vendredi 18 août 2017

La suite de l'amie prodigieuse

Derniers jours de vacances, je me plonge dans les deux tomes d'Elena Ferrante Le nouveau nom et Celle qui fuit et celle qui reste. J'y plonge et je m'y oublie.


Comme le premier tome c'est tout simplement très prenant, toujours aussi bien écrit. On retrouve les personnages, leurs relations compliquées, leurs envies d'évoluer, d'échapper à leur milieu, de réussir mais aussi des sentiments exacerbés, des mensonges, des trahisons.
Bref, un vrai plaisir !

vendredi 4 août 2017

Immersion en littérature

Les vies de papier de Rabih Alameddine est un livre foisonnant. Véritable ode à la littérature, au langage et à la traduction, il peint aussi la vie quelque peu cabossée de son héroïne. 
Aaliya Saleh, 72 ans, a les cheveux bleus et une passion pour la traduction. Retraitée après avoir exercé dans une librairie, cette septuagénaire s'est créée un monde qui la protège de l'extérieur, du passé, des souvenirs, des autres. Répudiée par son impuissant de mari, isolée dans sa famille, abandonnée par sa grande amie Hannah qui a décidé de cesser de rêver sa vie, Aaliya se réfugie dans son appartement, véritable cocon où s'empilent toutes sortes de romans, dont ceux de ses auteurs préférés, Pessoa, Nabokov ou Kafka. Quand la majeure partie des gens se remet de son réveillon du jour de l'an, Aaliya, elle, a un autre rituel : après avoir allumé deux bougies pour Walter Benjamin, elle choisit avec délectation le titre du roman qu'elle va traduire. Armée de la traduction anglaise et de la française, elle s'attache à rendre en arabe les subtilités du récit. Plaisir solitaire puisqu'elle ne se soucie pas de se faire éditer ni même de se faire lire. Cette tâche lui convient, l'isole et lui permet de s'échapper de Beyrouth en guerre, d'un monde qui lui échappe et de relations familiales difficiles. C'est entre les pages de ces ouvrages qu'elle vit pleinement. Femme forte en apparence, elle révèle, au gré de ses nombreuses digressions, bien des failles : femme seule, sans enfants, elle s'est fabriquée toute seule. Ainsi, c'est en autodidacte qu'elle a découvert Chopin et la musique classique. Décontenancée par les atteintes du temps (son extrême sensiblerie la paralyse), solitaire (les attentions du gardien du musée national de Beyrouth la touchent) voire isolée, elle a du mal à trouver sa place dans la vie normale. Qui plus est dans une Beyrouth en guerre, abîmée et meurtrie par les conflits. Heureusement, les "vies de papier" la portent et l'aident à voir s'écouler le temps, à rester en vie. Voici d'ailleurs ce qu'elle écrit : "Je me suis depuis bien longtemps abandonnée au plaisir aveugle de l'écrit. La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème.Je me suis adaptée avec docilité, quoique de manière non conventionnelle, au monde visible, afin de pouvoir me retirer sans grands désagréments dans mon monde intérieur de livres. Pour filer cette métamorphose sableuse, si la littérature est mon bac à sable, alors le monde réel est mon sablier- un sablier qui s'écoule grain par grain.
La littérature m'apporte la vie, et la vie me tue." (p. 15)
Un moment particulièrement poignant : celui où Aaliya, après avoir refusé que sa mère, très diminuée, vienne vivre chez elle, se retrouve chez son demi-frère pour comprendre le cri d'horreur que sa génitrice a poussé en la voyant. S'ensuit alors, après une longue attente, un lavage des pieds de l'aïeule effectué avec douceur et délicatesse. Un moment suspendu où la fille prend soin de sa mère et renoue un contact fort. Un autre plus léger mais porteur d'optimisme : celui où, aidée de ses voisines Aaliya se retrouve à faire sécher toutes les pages volantes de ses manuscrits qui ont pris l'eau. Beau moment de solidarité entre femmes.
Un très beau livre, émouvant et fort.

lundi 31 juillet 2017

L'amie prodigieuse

Enfin je plonge dans le roman dont tout le monde parle ! Fin des années 50, Naples, quartier populaire, une amitié passionnée : L'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante.

Raffaella Cerullo, alias Lina, et Elena Greco, alias Lenu, s'apprivoisent peu à peu et deviennent amies. Elles passent beaucoup de temps ensemble et partagent poupées, discussions, balades, bêtises..... Douées pour les études, elles rivalisent sans cesse, saine émulation : calcul mental, résolution de problèmes, lecture..... . Mais c'est toujours Lina qui a le dessus, on pourrait même dire l'ascendant. La petite noiraude, maigre, au visage peu amène exerce sur les autres, et particulièrement sur Lenu, une véritable attraction. Elle provoque, incite à lire, à agir, à repousser les limites... sans elle, la narratrice n'aurait pas forgé sa personnalité. Surdouée, Lina cessera néanmoins ses études quand Lenu, poussée par leur institutrice, ira au collège puis au lycée. Et même sans suivre son amie, prodigieuse, Lina réussira à apprendre le latin et le grec en les maîtrisant mieux que son amie ! Bien décidée à s'en sortir et à gagner de l'argent, malgré le fait d'être coincée dans la cordonnerie familiale avec son père et son frère, Lina voit les choses en grand. Elle se verrait bien ouvrir un magasin de chaussures sur mesure. Douée, elle emporte l'adhésion de son frère Rino grâce à ses dessins et ils se lancent dans la confection d'une paire - en cachette de leur père, bien sûr ! Pendant ce temps, la narratrice grandit, s'arrondit, accumule les lectures et les devoirs et peine à trouver sa place auprès de son amie. D'autant que si ses joues se couvrent d'acné et ses yeux se cachent derrière des lunettes, Lina, elle, flamboyante, grandit, s'élance et devient une superbe jeune femme qui règne en maître sur tous les garçons du quartier. Et bientôt, sans jamais oublier son arrogance, sa fougue et son esprit rebelle, Lina va rentrer dans le monde des adultes en se mariant quand son amie se retrouve cantonnée dans celui des adolescents, toujours en quête d'absolu, de l'amour sublime. Certes le marié parle le dialecte, n'a ni l'intelligence ni la fulgurance de Lina mais il a le sens des affaires, l'esprit d'entreprise et, pour elle, il est la voie du salut et lui offre le confort. Les chemins des deux amies vont-ils s'éloigner ?
Il faut avouer que, dans les 40 premières pages, je me suis demandée ce qui faisait le succès du roman mais, bien vite, une fois les personnages apprivoisés, je me suis laissée entraîner dans cette chronique sociale et familiale, dans cette vie de quartier animé voire agité. On y découvre la vie de familles populaires : des pères violents, des époux tyranniques, des jeunes qui veulent se sortir de là, les rivalités de gangs. L'arrière-plan politique est bien esquissé : la montée du parti communiste, la Camorra.... Des personnages hauts en couleurs, tels Donato Sarratore, le cheminot-poète - et aussi prédateur à ses heures, Pasquale le maçon communiste, Nino l'intellectuel inaccessible, Antonio le mécanicien courageux, les frères Solara, futurs maffiosi et nouveaux petits chefs du quartier...La ville de Naples vibre, les personnages et nous aussi. Un beau roman d'apprentissage, lumineux et vrai.

vendredi 28 juillet 2017

Poétiquement sublime

Une belle édition du #festival des jardins à Chaumont sur Loire. Le thème #powerflower !

De beaux jardins dans un écrin toujours aussi splendide et de belles installations.
Pour les jardins, mention spéciale à L'Agora (mon côté rebelle ?),


La planète en ébullition (qui nous rappelle que ça chauffe !),







Levant (pause délicieuse dans un jardin blanc et odorant),





 Inspiration (un jardin de peintre qui joue avec les cadres et les hors champs) et





Monochrome blanc
(très inventif et aux murs végétaux superbement maîtrisés).




Deux installations foudroyantes : le nid des murmures de Stéphane Guiran dans le manège des écuries. L'artiste nous hypnotise avec sa forêt de fleurs de quartz (4000 !) : c'est sublime à pleurer !

Sheila Hicks enchante de sa palette subtile la galerie du Fenil avec Glossolalia : le textile devient matière, pelote et décoration.

A citer, aussi, Andrea Wolfensberger qui travaille le carton et le rend tour à tour pierre, animal et végétal.


Une belle édition !

dimanche 23 juillet 2017

Danser les ombres

Laurent Gaudé nous emmène à Haïti et nous plonge avec délicatesse dans la culture de cette île où les vivants, les morts et les esprits cohabitent.

Un matin de janvier, la jeune Lucine arrive de Jacmel à Port-au-Prince pour y annoncer le décès de sa soeur mère de deux jeunes enfants. Elle remet les pas dans sa jeunesse, réentend les échos des manifestations étudiantes qu'elle a suivies avec ses amies et, très vite, sent qu'elle ne repartira pas.  Elle a donné cinq ans de sa vie à ses neveux et entend prendre un nouveau départ. Ayant rendu visite à la vieille Viviane, mère d'Emeline son amie tombée sous les coups de son bureau, elle retrouve Saul, le médecin raté qui végète et se cache. Hébergée dans une ancienne maison close, elle rencontre un groupe d'amis unis par leurs conversations, leurs parties de dominos et les bons moments qu'ils partagent simplement. Au bordel du Fessou, la vie se croque à pleines dents, avec bonheur et douceur, elle sent le rhum et la soif de révolution.
Jusqu'au 12 janvier, date à laquelle la terre a décidé de trembler et de faire remonter sur terre les esprits. Séisme, fractures, failles, éboulements, Gaudé nous immerge dans la catastrophe : des pans de murs s'écroulent, des bâtiments entiers, les rues s’entrouvrent, les entrailles de la terre sont béantes, la poussière envahit tout, les cris des vivants se répondent. C'est la panique mais c'est aussi un sursaut d'énergie et de dignité puisque tout le monde s'affaire pour essayer d'aider. Solidaire, la population se redresse et panse ses plaies. C'est ce que feront d'ailleurs Saul, Lucine et leurs amis chez la vielle Viviane qui a ouvert sa propriété pour recevoir les démunis - comme un signe pour matérialiser le fait qu'elle reconnaît en Saul son fils. Véritable course contre le tremblement de terre.
Course contre la mort, course pour la vie, course pour s'aimer, course pour apaiser les morts en faisant danser les vivants.
D'abord on suit Lucine, on découvre Port-au-Prince, ses rues, ses habitants et ses odeurs, -voyage pour les sens, voyage pour les coeurs. Haïti se révèle avec ses faiblesses, sa misère mais aussi sa dignité et sa force, terre d'espoir éprise de liberté et de justice. Le séisme laisse la ville exsangue, brisée mais aussi plus vivante des ombres de ses morts qui reviennent visiter leurs proches. Gaudé, chef d'orchestre des traditions vaudoues qu'il reprend à son compte, fait alors se côtoyer morts et vivants, fantômes et rescapés se gardant bien d'éclairer la frontière ténue qui les sépare. Sublime danse macabre qui, comme un bouquet final, permet de réconcilier les rescapés et ceux qui ont sombré, tragique prise de conscience pour ceux qui ont réussi à dérober quelques miettes de vie supplémentaires.
Un hymne à la fraternité, au bonheur et à la nécessité d'être là pour ceux que l'on aime - quels qu'ils soient. Envoûtant et captivant.

vendredi 21 juillet 2017

Jolie moisson de BD

Quelques nouveautés dans le rayon BD et de jolies découvertes.
Tout d'abord, le retour de Duhamel qui nous emmène sur l'île natale de Cristobal, artiste mégalo, qui, sous couvert de sauver son île de la déferlante du tourisme, va y imposer sa marque. Il entend faire de ce territoire une oeuvre d'art, emporté par sa création et délaissant amis et compagne. A la mort de Cristobal, l'inspecteur Ramirez enquête pour savoir si, par hasard, l'artiste ne s'était pas fait beaucoup d'ennemis.

Un bon scénario et un graphisme sympa. Une belle utilisation des couleurs pour le passé et du bleu-gris pour le présent.
Histoire librement inspirée de celle de César Manrique sur l'île de Lanzarote.

Ceux qui t'aiment de Davodeau nous plonge dans le milieu du foot :

critique acerbe des managers, des supporters et réflexion sur la place des joueurs dans leur parcours professionnel. Maîtrisent-ils leur vie, leur trajectoire ? Titou, buteur célèbre, finit par accepter d'aller chez un fan de la première heure atteint d'un cancer des poumons. La soirée est fort sympathique, le dîner délicieux et l'ambiance chaleureuse... jusqu'à ce qu'un ami du mari de Colette débarque. Et là, tout part en vrille, kidnapping, demande de rançon, violence.....Ce grand flash-back permet de comprendre un geste totalement incompréhensible d'un gardien de but d'une superbe équipe (le FCE) qui, lors de la finale de la coupe d'Europe, décide de marquer contre son camp.
C'est grinçant et bien fait ! 

Sept mineurs sapent un conte majeur de Lupano et Ali
Sept nains sont bouffons et amuseurs à la cour d'un roi, qui fête l'anniversaire de Blanche, sa fille chérie, née d'un premier mariage. Acrobaties, pitreries, jonglage, tout y passe. Hélas pour eux, la blague de trop va vexer la reine et décider de leur destin. Les voilà exilés du château, condamnés à la mine...C'est pour eux le début d'une longue descente aux enfers...Mais bon ou mauvais, ils n'ont pas dit leur dernier mot...
Une réécriture assez bien troussée du fameux conte de Blanche neige. Un graphisme parfois un peu acéré.
C'est drôle. 


dimanche 16 juillet 2017

Un ovni

L'homme qui marchait sur la lune de Howard Mc Cord est un roman étonnant, déroutant mais qui ne laisse pas indifférent.
Tout d'abord, la Lune n'est pas celle que l'on croit, c'est le nom d'une montagne en plein coeur du Nevada. La question qui nous taraude au début du roman et même à la fin est "Qui est William Gasper, cet homme qui depuis cinq ans arpente inlassablement la Lune ?"
" De ce marcheur solitaire, nul ne sait rien. Est-il un ascète, un promeneur mystique, un fugitif ? Tandis qu’il poursuit son ascension, ponctuée de souvenirs réels ou imaginaires, son passé s’éclaire peu à peu : ancien tueur professionnel pour le compte de l’armée américaine, il s’est fait de nombreux ennemis. Parmi lesquels, peut-être, cet homme qui le suit sur la Lune ? Entre Gasper et son poursuivant s’engage alors un jeu du chat et de la souris. "
Balade hypnotique, huis-clos en plein air,  immersion dans une nature aride, traque policière, poursuite fantastique d'un homme par la mort - que notre homme appelle Cerridwen- ce roman est tout cela à la fois. Il nous happe tant nous voulons savoir si tout cela est vrai ou le fruit d'un esprit dérangé. Car William Casper est un guide attachant et inquiétant : est-il fou ? Il parle tout de même de ses talents de préscience, de visionnaire qui lui permettent de voir des choses. Est-il décalé ? en effet, il ne se soucie pas du matériel, ne possède qu'un container et une tente et semble vouloir se défaire de l'accessoire. Est-ce dû à sa proximité extrême avec la nature ? il est capable d'anticiper les intempéries, de trouver les sources d'eau, de lire les traces des animaux. Il affirme aussi être un ancien tueur professionnel. Difficile de trouver une réponse.
Il faut accepter de se laisser bousculer par cet ovni littéraire dont on sort de la lecture avec un certain nombre de questions sans réponse.

jeudi 13 juillet 2017

Indispensable !

Depuis le temps qu'on m'en parlait et qu'il m'attendait sur une étagère ! Début de vacances, je plonge avec délice dans Miniaturiste de Jessie Burton. Ce fut un vrai régal !
Petronella Oortman débarque à Amsterdam à l'automne 1686 pour rejoindre son mari, Johannes Brandt. Marchand influent de la ville, membre de la guilde, cet époux se révèle tendre mais distant, affectueux mais pas passionné. Pour Nella sa nouvelle vie est plus que décevante voire déstabilisante tant elle peine à trouver sa place dans l'opulente demeure du bord du canal où règne en maître Marin, la très froide et peu amène soeur de Johannes. A 18 ans, lorsque l'on a quitté son village la chaleur du foyer, il est difficile de ne pas se laisser impressionner par cette grande maison qui semble recéler de lourds secrets. 
En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan que Nella reçoit vont lui permettre de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l’habitent et mettant au jour de dangereux secrets.
Ce roman raconte l'émancipation d'une jeune femme mais éclaire aussi la vie très puritaine des habitants d'Amsterdam au XVIIè, leur intransigeance religieuse. Il nous plonge dans les intérieurs de l'époque avec toute la délicatesse d'un maître flamand, sans oublier de jouer avec le mystère lié à la personne de la Miniaturiste, avec la psychologie complexe des personnages qui sont loin d'être monolithiques.
Inspirée d'une maison de poupée d’époque exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam, ce premier roman de Jessie Burton restitue avec précision l’ambiance de la ville à la fin du XVIIe siècle.
Le style de l'auteur et l'histoire ne sont pas sans faire penser aux ouvrages de Tracy Chevalier, une de mes auteurs de prédilection.
Ironie de l'histoire juste après cet ouvrage j'ai relu les Heures silencieuses de Gaëlle Josse : là encore plongée dans un intérieur hollandais et joli portrait de femme à la manière d'un maître flamand.
A lire absolument !

lundi 10 juillet 2017

Un régal !

Conseillé par une amie, ce roman est un régal de fantaisie et d'humour mais aussi de délicatesse. Aphrodite et vieilles dentelles de Karin Brunk HolmqvistTilda et Elida Svensson, 79 et 72 ans vont s'en faire un ami. Grâce à Alvar Klemens, elles découvrent le confort moderne mais aussi le plaisir de partager de bons moments. Et surtout, elles découvrent son chat ! Observant (espionnant ?) la maison d'Alvar, elles se rendent compte un jour que le félin est pris de frénésie sexuelle en mangeant une des plantes de son maître. L'interrogeant sur l'entretien de ses jardinières, les deux soeurs apprennent la recette de l'engrais miracle qu'il leur administre. Ni une ni deux, bien décidées à changer leur vie et à effectuer quelques travaux de modernisation, elles décident de se lancer dans un commerce prospère. Branle-bas de combat, leur cuisine se transforme en laboratoire clandestin et leurs bocaux se remplissent d'un aphrodisiaque destiné à résoudre bien des problèmes domestiques.
Ces deux soeurs sont attachantes et drôles. Leurs aventures sont comiques et tendres. Un très bon roman, pas prise de tête mais pas idiot non plus.

dimanche 9 juillet 2017

Lecture facile

Le petit mensonge de Dieu de Cyril Massarotto raconte le début de la mort du protagoniste principal qui nous révèle que le paradis c'est de l'arnaque. La vie dans l'au-delà c'est pas si marrant que ça.
C'est drôle, léger. Une lecture facile pour démarrer les vacances.

mercredi 28 juin 2017

L'espoir des Neshov

Après avoir dévoré la trilogie des Neshov d'Anne B.Ragde, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé la famille Neshov. 
Plusieurs années ont passé, les rancoeurs semblent apaisées. Chacun mène sa vie dans son coin : Krumme et Erlend sont papas de trois enfants à Copenhague et découvrent la vie de famille. Margido, éternel célibataire, continue de faire tourner son entreprise de pompes funèbres à Trondheim. Quant à Torunn, lasse de sa vie aux côtés d'un homme qui la trompe, elle prend la fuite - comme souvent- et revient à la ferme. On suit tous les protagonistes grâce à d'habiles retours en arrière, à des alternances de chapitres (bien ficelées) et sous nos yeux la ferme reprend vie. Et, bien sûr, on attend la suite !
Un plaisir !

mardi 27 juin 2017

Une BD de début d'été

Petite découverte bien sympathique. Embarquez-vous pour un voyage loufoque vers la Lune..... à bord d'un phare !! Et oui, tout est décalé dans ce Vpyage improbable de Turf. 
Alors que des fouilles paléontologiques sont faites au pied d’un phare, un gisement de gaz naturel explose suite au malencontreux allumage d’un cigare. L’édifice se trouve propulsé avec une partie de son socle rocheux vers l’espace infini. À son bord, deux scientifiques, un escroc, trois étudiantes et un gardien de phare, partis pour un voyage imprévu et mouvementé.
C'est drôle et bourré de clins d' oeil à Hergé. Les personnages sont plutôt sympathiques et les aventures bien menées. Jolie ligne claire et belle composition des planches.
 

samedi 24 juin 2017

Le dernier Fred Vargas

Quand sort la recluse est la dernière aventure d'Adamsberg et elle vaut le détour ! 
Bestiaire improbable (martins pêcheurs, merles, pigeons, un chat échoué sur une photocopieuse, blaps), personnages hauts en couleurs, séances fameuses autour d'une garbure, aller-retour Paris-Province vers des pigeonniers ou un pensionnat, découverte d'une espèce fameuse d'araignée, grande attention aux mots et aux bulles qui flottent, boules à neige, équipe de la brigade qui a presque failli imploser... autants d'éclats et de pièces du puzzle qu'Adamnsberg va s'échiner à reconstituer.

Après avoir résolu fissa une affaire et laissant à Danglard le soin de rédiger le rapport, notre commissaire décide de se pencher sur des morts par nécrose suite à des piqûres de recluse - araignée dont le venin est dangereux quand il est injecté à haute dose, surtout chez des personnes âgées. Accidents ou drôle de coïncidence ? Le commissaire nous embarque dans sa quête, sur les traces de Magellan, épaulé par ses fidèles.
Quand une enquête permet aussi de convoquer l'histoire, de jouer avec les mots et leur polysémie (recluse du Moyen Age) mais aussi de se confronter à ses démons (rude aventure pour un Admasberg minot) et de remettre en question ses principes. 

Heureusement que j'ai terminé ma lecture avant d'entendre le spot publicitaire - pitoyable - sur les ondes radio !!

samedi 6 mai 2017

Deux BD sympas

De retour de la bibliothèque, les bras chargés d'ouvrages pour occuper un week-end prolongé annoncé pluvieux, je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Catherine Meurisse. Après Moderne Olympia, Mes gens de lettres, La légèreté, je plonge avec délices dans Le pont des Arts. Il s'agit de flâner à travers l'histoire littéraire et culturelle et de (re)découvrir les rapports d'amitié qui ont pu exister entre des peintres et des écrivains unis par l'amour de l'art et la recherche d'un même idéal. C'est drôle mais aussi très instructif et je dois avouer que je suis impressionnée par le nombre de tableaux qu'elle reproduit et revisite avec finesse et efficacité. Quelle culture et quel humour! 
Un bon moyen de réviser et d'apprendre de manière ludique ! 

Le jardin de minuit est une très belle BD adaptée du roman de Philippa Pearce par Edith.
Angleterre, XXè, Tom est confié à son oncle Allan et sa tante Gwen pour l'éloigner de son petit frère Peter qui a contracté la rougeole. Forcément, il n'a pas envie d'y aller et, une fois arrivé là-bas, malgré la gentillesse et les petits plats de sa tante, Tom s'ennuie à mourir !
Commence alors une correspondance avec son frère à qui il confie son ennui. Jusqu'au jour où, lové dans son lit, il entend la vielle pendule de Mme Bartholomée sonner au beau milieu de la nuit : dix, onze, douze.... treize coups ! Quel phénomène étrange ! Il décide d'en avoir le coeur net et descend au rez-de-chaussée où se trouve cette drôle de pendule. Il avance à pas de loups, aperçoit l'objet vaguement éclairé par la lumière de la lune qui filtre à travers la porte du fond du vestibule. Il met sa main sur la poignée et découvre, derrière la porte, un magnifique jardin, verdoyant et foisonnant de végétaux. Il y rencontre une petite fille Hatty, avec laquelle il va découvrir les merveilles de ce jardin. Comme lui, elle est seule, s'ennuie. Tom est un moyen d'échapper aux remarques acides de sa tante qui l'a recueillie à la mort de son père. Les deux enfants vont, dès lors, se retrouver toutes les nuits. Déambulations, escalade, cachettes..... ils partagent les joies de l'enfance.
Une superbe plongée dans un univers magique, une belle réflexion sur le temps et les affinités électives. Une histoire servie par un joli trait, un beau traitement de la lumière et des couleurs pour signifier le passage d'une époque à lire. Un vrai coup de coeur !